Éditorial : Entre Rameau NORMIL, Alix Didier FILS-AIMÉ et la sécurité du pays, un choix s’impose

La Police Nationale d’Haïti (PNH) a publié, le 25 mars 2025, un communiqué catégorique démentant les informations qui circulaient sur les réseaux sociaux concernant la réception de nouveaux équipements, dont des drones, par l’institution policière. Un démenti formel et sans ambiguïté : « le Directeur Général a.i. de la PNH, M. Rameau NORMIL, n’a pas reçu de drones ». Ce message, destiné à calmer les rumeurs, est bien plus qu’une simple clarification des faits. Il envoie un signal étrange, dans un pays où l’autorité de l’État semble de plus en plus érodée par la violence des gangs et l’impasse institutionnelle.

Il est difficile, voire impossible, de ne pas remarquer l’écart flagrant entre cette dénégation et les images publiées la veille par la Primature. Sur celles-ci, on voyait en effet le Président du CSPN, le Premier ministre Alix Didier FILS-AIMÉ, et le Directeur Général de la PNH, Rameau NORMIL, en pleine inspection de drones. Mais attention, selon la Primature, ces équipements ne sont que des échantillons, en attendant leur livraison prochaine. Les responsables se sont d’ailleurs montrés très souriants, en parfaite harmonie. Une scène d’unité, peut-être, mais qui cache des contradictions troublantes.

D’un côté, la PNH nie avoir reçu ces drones. De l’autre, les images de leur manipulation laissent entendre qu’ils font bien partie du processus de renforcement des capacités policières. Cette confusion, alimentée par des déclarations contradictoires, illustre une fois de plus la communication floue qui entoure les actions de l’État haïtien dans la lutte contre les gangs.

Il est légitime de se demander si cette cacophonie n’est pas le reflet d’une stratégie de gestion de crise, plutôt que le signe d’une réelle volonté de combattre efficacement les gangs. Haïti, plongée dans un chaos sécuritaire sans précédent, semble chercher une solution-miracle, en passant par des promesses de nouveaux équipements, sans pour autant offrir les garanties d’une mise en œuvre concrète et efficace. Car pendant que les hauts responsables se réunissent pour inspecter des drones, les quartiers de Port-au-Prince sont toujours sous le joug des groupes armés.

Les actes de barbarie, où des dizaines de civils ont été tués ou blessés lors d’attaques à la balle dans les zones de Delmas, rappellent douloureusement l’inertie de l’État face à la violence qui gangrène la capitale. Si l’on se fie aux images et aux annonces de la Primature, la PNH est prête à mettre en place des équipements sophistiqués pour contrer les gangs, mais le terrain prouve que l’armée de l’ombre, qu’est la criminalité organisée, semble toujours prendre une longueur d’avance.

Plus d’un prônent qu’une entente entre les responsables de la sécurité nationale pour le bien du pays donne l’impression que, dans un contexte aussi complexe et désastreux, toute unité, même apparente, pourrait être bénéfique. Mais cette recherche de « consensus » n’est-elle pas déjà trop tardive face à la montée en puissance des gangs ? Le grand défi de la PNH ne réside-t-il pas moins dans la possession d’équipements comme dernier cri que dans la capacité à instaurer une véritable gouvernance sécuritaire et à rétablir l’ordre dans des quartiers livrés à l’anarchie ?

En réalité, les photos et les démentis officiels ne font que cacher un mal plus profond : l’incapacité persistante de l’État haïtien à s’attaquer de manière décisive aux racines du problème. Les gangs, quant à eux, continuent leur ascension sans relâche, et la population, piégée dans une guerre sans fin, attend de vraies solutions plutôt que de vagues promesses technologiques. Les drones, tout comme d’autres équipements modernes, ne seront que des palliatifs si le pays ne parvient pas à surmonter ses problèmes de gouvernance et de cohésion sociale.

Juste un clin d’œil !