Éditorial : De la guerre à l’alliance, André MICHEL et Claude JOSEPH, des rivaux unis pour l’exemple du vivre ensemble

Entre Me André MICHEL et l’ancien Premier ministre Claude JOSEPH, une alliance surprenante voit le jour. L’un, opposant farouche du Président Jovenel MOÏSE, et l’autre, ancien Chef du gouvernement sous sa présidence, se retrouvent aujourd’hui unis pour critiquer la gestion du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Un retournement notable, surtout au vu de leurs positions passées où chacun semblait avant tout préoccupé par ses intérêts personnels, souvent au détriment du bien-être de la population haïtienne.

En juin 2021, Claude JOSEPH, alors Premier ministre par intérim, accusait André MICHEL et une frange de l’opposition d’être responsables de l’instabilité politique qui secouait Haïti. À l’époque, MICHEL, leader de l’opposition radicale, avait affirmé : « La reconduction de Claude JOSEPH est une perte de temps dans un contexte où l’État est incapable de sécuriser le pays. Aucun accord n’est possible avec Jovenel MOÏSE, ni cohabitation ni élections ».

Ce climat de tension se renforce lorsqu’ André MICHEL critiquait également le Gouvernement d’Ariel HENRY, s’attaquant à l’image du Premier ministre comme étant un “enfant de chœur”, tout en accusant Claude JOSEPH d’être impliqué dans l’assassinat de Jovenel MOÏSE, en juillet 2021.

Aujourd’hui, les deux anciens ennemis politiques s’unissent contre le Conseil Présidentiel de Transition (CPT). L’accord du 21 décembre 2022, signé par André MICHEL et Claude JOSEPH, marque une étape importante dans cette nouvelle dynamique politique. Ensemble, ils dénoncent la gestion du CPT, estimant que les Conseillers-Présidents ne répondent pas aux attentes des Haïtiens.

En parallèle, André MICHEL se distancie de Louis Gérald GILLES, un autre acteur politique impliqué dans la formation du CPT, suggérant un écart par rapport à ses positions initiales. Pour Claude JOSEPH, le soutien à certaines factions opposées à l’ascension de Smith AUGUSTIN à la tête du CPT semble désormais compromis.

Dans un contexte de crise, le Collectif des partis politiques du 30 janvier 2023, le parti EDE (Engagés pour le Développement) et l’Accord du 21 décembre 2022 proposent une sortie de crise fondée sur l’instauration d’une présidence collégiale, composée de trois membres issus de la Cour de Cassation, de la société civile et du secteur politique. Cette solution vise à garantir une transition stable pour Haïti, tout en incluant les groupes criminels, notamment la coalition de gangs Viv Ansanm.

Les partis signataires de l’Accord insistent sur le besoin d’inscrire cette coalition criminelle sur la liste des organisations terroristes, une démarche déjà adressée aux autorités internationales, y compris au Secrétaire d’État américain et au Secrétaire Général de l’ONU.

Le rapprochement entre André MICHEL et Claude JOSEPH soulève des interrogations. Cette alliance, qui semble aller à l’encontre de leurs différends passés, pourrait-elle être motivée par des ambitions politiques partagées ? Ou est-ce un pur calcul stratégique pour s’assurer une place au sein du futur gouvernement, après leur mise à l’écart du Conseil Présidentiel de Transition ?

En fin de compte, ces deux figures politiques qui ont longtemps incarné l’opposition semblent avoir enterré la hache de guerre, non pas pour améliorer les conditions de vie des Haïtiens, mais pour s’assurer de conserver une part de pouvoir et d’influence sur l’avenir du pays.

Une manœuvre politique ou un véritable changement. Si l’alliance entre André MICHEL et Claude JOSEPH peut être perçue comme un exemple de «vivre ensemble» en politique, elle reste, pour beaucoup, une manœuvre tactique. Les prochains mois révéleront si ce rapprochement est réellement motivé par le désir d’apporter des solutions concrètes à Haïti ou s’il s’agit simplement d’une manière de se maintenir au pouvoir. Quoi qu’il en soit, cette situation souligne l’importance de rester vigilant face aux jeux de pouvoir en Haïti.

Juste un clin d’œil !