Réduction de la durée de formation des aspirants policiers, plus d’un s’inquiètent

Alors que l’insécurité s’installe depuis plusieurs années dans le pays, ce qui requiert le renforcement de la capacité opérationnelle, du professionnalisme et du dynamisme de la police, les autorités ont, contre toute attente, écourté la formation des jeunes policiers. En effet, la cérémonie de graduation de la 33ème promotion de la Police Nationale d’Haïti (PNH), comptant 786 policiers dont 112 femmes, a eu lieu, le lundi 11 mars dernier, à l’École Nationale de Police (ENP) située à la Route de Frères.

Les festivités se sont déroulées en présence, entre autres, des membres du haut commandement de l’institution policière et des partenaires internationaux.

Entrés à l’académie nationale de police en date du 5 novembre dernier, ces nouveaux représentants de la force publique sont gradués seulement après quatre mois de formation. Ce qui inquiète des observateurs et personnes avisées de la société. Selon eux, bien que la situation nécessite le renforcement de l’effectif de la police nationale, néanmoins, elle exige aussi bien; une formation adéquate adaptée à l’ampleur du contexte d’insécurité actuelle. Quatre mois suffisent-ils pour octroyer cette formation aux policiers? S’interrogent plus d’un avec perplexité.

Depuis plus d’une décennie, la Police Nationale d’Haïti tente de répondre aux dérives qui surviennent dans le pays. Malheureusement, ses lacunes vont au-delà des normes acceptables, en particulier en ce qui concerne son incapacité à gérer, efficacement, les mouvements populaires.

Il est important de souligner que malgré une formation initiale de 9 mois, la police présentait de sérieuses lacunes dans sa capacité à mener bien sa mission. Y parviendra-t-elle avec une formation de quatre mois?

Au cours des dernières années, des policiers ont été impliqués dans des incidents où des citoyens ont été abattus sous prétexte qu’ils étaient des bandits. Le plus préoccupant est que la PNH, censée agir selon la devise « Protéger et Servir », a souvent agi de manière contraire, négligeante et détruisante.

Selon les normes et les principes, un policier doit agir avec professionnalisme, respecter les lois et les droits des citoyens, faire preuve d’intégrité et de neutralité, et servir et protéger la population. Cependant, une grande majorité de policiers utilisent leur autorité de manière injuste et/ou excessive, notamment en intimidant ou en harcelant les citoyens sans raison valable, allant jusqu’à utiliser une force excessive ou non justifiée lors des arrestations ou des interrogatoires, entraînant des blessures ou des traumatismes chez les citoyens.

Selon des témoins anonymes, certains policiers traitent les citoyens en raison de leur couleur de peau et d’autres caractéristiques personnelles, violant ainsi leur droit à l’égalité devant la loi. De plus, ils sont accusés de falcifier des preuves, d’inventer des accusations ou d’agir de manière partiale dans le but de condamner injustement des personnes innocentes. De ce fait, des policiers ont été contraints de prendre la fuite pour éviter de rencontrer les personnes qu’ils avaient injustement emprisonnées, suite à l’attaque perpétrée à la prison de Port-au-Prince (pénitencier national), où 99% des prisonniers se sont évadés.

En outre, certains policiers acceptent des pots-de-vin ou des faveurs en échange de services spéciaux ou de la négligence de leurs responsabilités. Plusieurs citoyens ont déploré ce genre de comportement de la part des policiers.

Au fil des années, la population se montre de plus en plus méfiante vis-à-vis de la Police Nationale d’Haïti (PNH). Si la formation initiale de 9 mois a été écourtée à 6, la réduction additionnelle de deux mois, soit 4 mois de formation, éveille la curiosité quant à la qualité et à l’efficacité de la formation des policiers.

Juste un clin d’œil !