Éditorial : 15 ans après, les cicatrices du séisme trimballent le quotidien de l’Haïtien

Ce 12 janvier 2025, quinze ans après le passage du tremblement de terre, la plus terrible catastrophe ayant frappé Haïti, le pays peine encore à se relever de cette tragédie. Haïti reste plongé dans une crise pluridimensionnelle, principalement politique, économique et surtout sécuritaire.

Chaque année, 12 janvier ravive les souvenirs douloureux de ce drame meurtrier, le « Goudougoudou ». Des familles endeuillées, des survivants traumatisés, et des lieux encore marqués par la catastrophe témoignent de la violence du séisme. Quinze ans après, le comptage des morts continue.

Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, plus de 5 600 personnes ont été tuées en Haïti l’année dernière, marquant une augmentation de plus de 20 % par rapport à 2023. En outre, plus de 2 200 personnes ont été blessées et près de 1 500 ont été kidnappées. Ces chiffres illustrent l’ampleur de la violence endémique qui secoue le pays.

En 2010, le séisme a causé la mort de plus de 220 000 personnes, déplacé 1,5 million de citoyens et détruit 60 % des infrastructures gouvernementales, selon les données de l’ONU. De 2010 à aujourd’hui, plus de cinq fois plus de vies ont été perdues dans la violence des groupes armés, sans compter les victimes des catastrophes naturelles.

Les gangs font régner la terreur dans la capitale et ailleurs, rendant la vie quotidienne insoutenable pour de nombreux citoyens. La situation est d’autant plus difficile qu’avant cette date tragique.

Le Conseil présidentiel de transition (CPT), formé en avril 2024, et le gouvernement d’Alix Didier Flis-Aimé peinent à concrétiser l’espoir tant désiré par la nation haïtienne. Les élections prévues en février 2026 approchent, mais la lenteur du processus inquiète. Pendant ce temps, la population continue de souffrir, réclamant justice et reconstruction.

À l’image du 12 janvier, aujourd’hui, en plus des morts et des blessés, des milliers de maisons ont été endommagées, détruites ou abandonnées. Des infrastructures clés, telles que des écoles, des hôpitaux, des routes et des ponts, sont en manque, d’autant plus que la violence sanglante des gangs criminels, en particulier dans la capitale haïtienne, continue de croître.

Nous devons désormais envisager non seulement l’urgence immédiate, mais aussi le relèvement et la reconstruction à long terme. Rien n’a changé, nous continuons à souffrir ici comme il y a quinze ans. Nous ne devons pas oublier, non seulement pour rendre hommage aux victimes, mais aussi pour réfléchir à la fragilité de notre environnement et à notre capacité collective à y répondre. Personne ne nous aide. Tout manque ici : les personnes âgées et les enfants sont les plus touchés. Une situation rendue encore plus dramatique par la violence croissante des gangs dans les villes.

Le séisme de 2010 est une tragédie qui appartient au passé, mais l’avenir doit être préparé et mieux organisé. Nous ne devons pas rester dans la désolation ni la douleur, mais réinventer la vie et reconstruire Haïti concrètement. Le devoir nous appelle et l’histoire nous attend.

Juste un clin d’œil !