La rentrée scolaire 2025-2026 met, une fois de plus en évidence, l’incapacité de l’État haïtien à garantir le droit fondamental à l’éducation. Tandis que Pétion-Ville et Delmas ont vu les élèves reprendre le chemin des classes sous escorte policière, Port-au-Prince reste marqué par des écoles fermées, des établissements en ruine et des milliers d’enfants privés de cours. Le contraste est brutal, révélant l’ampleur d’une fracture que les autorités refusent d’affronter.
L’État porte une responsabilité directe dans cet échec. Depuis trop longtemps, les autorités se contentent de discours et de slogans « Restaurer l’autorité de l’école », cette année, mais sans jamais traduire ces annonces en actes concrets. Comment parler d’autorité quand tant d’enfants ne franchissent même pas les portes d’un établissement ? Comment invoquer la responsabilité collective quand enseignants impayés, écoles délabrées et parents étranglés par les frais de scolarité composent la réalité quotidienne?
Cette rentrée scolaire souligne une vérité amère : en Haïti, l’accès à l’école dépend du quartier où l’on habite. Là où la sécurité est relative, les enfants peuvent rêver d’une année normale. Dans les zones contrôlées par la violence, l’avenir scolaire se réduit à une attente stérile. L’éducation devient ainsi le miroir d’un pays brisé, incapable d’offrir à sa jeunesse les mêmes chances.
Pourtant, nul développement durable, nulle paix sociale, nulle reconstruction nationale ne sera possible sans une politique éducative forte et inclusive. La sécurité est nécessaire, mais elle ne suffit pas. Il faut reconstruire les écoles détruites, soutenir les enseignants, accompagner les familles et, surtout, considérer l’éducation non comme un privilège mais comme un socle national.
Haïti n’a plus le luxe de tergiverser. Investir dans l’école, c’est préparer la relève d’un pays qui aspire à sortir du chaos. Laisser des générations entières grandir loin des salles de classe, c’est condamner la nation à répéter les mêmes drames. Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir si l’éducation est prioritaire, mais si l’État choisira enfin d’assumer son rôle ou persistera à abandonner son avenir.
Juste un clin d’œil !