Éditorial : L’Accord du 3 avril, entre promesses fallacieuses, désirs personnels comblés et insatisfaction

Le 3 avril 2025 marque le premier anniversaire de la signature de l’accord du 3 avril 2024, un document qui a débouché à la mise en place du Conseil Présidentiel de Transition (#CPT). Un an après, cet accord, censé être un espoir pour Haïti, semble avoir accouché une déception collective. Les promesses formulées lors de la signature de cet accord n’ont pas été tenues, et la plupart des engagements sont restés lettre morte.

L’accord du 3 avril 2024 était censé initier un processus de stabilisation politique et économique pour Haïti. Toutefois, après une année d’efforts (ou de l’absence de ceux-ci), force est de constater que le pays reste plongé dans une insécurité endémique, une crise sociale persistante et un blocage politique total. Le gouvernement intérimaire, pourtant créé sous l’impulsion des signataires de cet accord, semble être une entité fantomatique, incapable de répondre aux attentes du peuple haïtien.

Cet échec est également celui des partis et coalitions politiques impliqués, tels que ceux signataires de l’Accord du 21 décembre, du Collectif du 30 janvier, de l’Accord de Montana, de Fanmi Lavalas, du RED/Compromis historique, du Secteur privé des affaires, de la structure Rassemblement pour une Entente Nationale (REN), ainsi que de la société civile. La CARICOM a aussi sa responsabilité dans cette mésaventure politique.

Ce qui est particulièrement frappant dans cette situation, c’est l’attitude des signataires eux-mêmes. Certains des acteurs politiques ayant participé à l’élaboration et à la signature de cet accord ont pris la décision de descendre dans les rues pour réclamer la chute du pouvoir intérimaire qu’ils ont eux-mêmes contribué à instaurer. Cette démarche est perçue par une grande partie de la population comme une posture opportuniste, un jeu politique destiné à servir des intérêts personnels plutôt qu’une volonté sincère de résoudre les problèmes du pays. Les signataires semblent oublier que leur implication dans la mise en place du CPT ne les place pas dans une position favorable pour exiger son départ. Au contraire, c’est leur propre échec politique qui est aujourd’hui visible.

L’absence de véritables réformes, la stagnation dans la mise en œuvre des engagements pris, et l’inefficacité du CPT dans la gestion des affaires publiques font de cet accord un symbole de promesses fallacieuses. Ces promesses ont été vendues comme un remède miracle pour Haïti, mais elles n’ont abouti qu’à des désillusions et à un sentiment généralisé d’injustice au sein de la population. Les citoyens haïtiens, qui ont placé de l’espoir dans la mise en œuvre de cet accord, se retrouvent aujourd’hui dans une situation encore plus désastreuse, déçus par la classe politique qui semble plus intéressée par ses propres ambitions que par le bien-être collectif.

Cet échec est donc collectif. Il n’est pas uniquement celui du CPT, mais celui de toutes les forces politiques qui ont signé l’accord du 3 avril 2024. Si certaines personnalités ont pu voir leurs désirs personnels comblés, le pays, quant à lui, demeure sans une véritable gouvernance, pris dans l’étau d’une insécurité galopante et d’une pauvreté endémique.

Aujourd’hui, Haïti a besoin beaucoup plus que des discours, ou des signatures d’accords qui ne mènent à rien. La population réclame des actions concrètes, des mesures réelles pour sortir du cycle infernal d’inefficacité. Les acteurs politiques, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition, doivent se rendre à l’évidence que ce n’est pas par des manifestations ou des appels vides à la démission que le pays sortira de la crise. Ce dont Haïti a réellement besoin, ce sont des dirigeants capables de poser les bases d’un avenir durable, loin des jeux de pouvoir et des stratégies électorales à court terme.

L’accord du 3 avril a échoué, et avec lui, de nombreux espoirs. Mais il est encore temps de reconstruire, à condition que les responsables politiques sachent dépasser leurs ambitions personnelles et se concentrent véritablement sur l’avenir du pays.

Juste un clin d’œil !