Magalie HABITANT au cœur d’un vaste réseau criminel

La Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) a rendu public, en date du 27 mars 2025, un rapport de procédure partielle. Ce document a été réalisé par le Bureau des Affaires Criminelles (BAC) et transmis au Parquet de Port-au-Prince. Il révèle l’implication présumée de l’ancienne Directrice du Service National de Gestion des Résidus Solides (SNGRS), Magalie HABITANT, dans une organisation criminelle tentaculaire. Elle est accusée d’association de malfaiteurs, d’implication dans des assassinats et kidnappings, entre autres.

En effet, Magalie HABITANT a été arrêtée le 9 janvier 2025 à Thomassin. Elle se trouvait à bord d’un Toyota Land Cruiser appartenant à la compagnie GMS Rent A Car, en compagnie de son chauffeur, Lenès JEAN PHILIPPE. Une fouille du véhicule a permis la saisie de téléphones, passeports, importantes sommes d’argent, livrets bancaires et bons de carburant. Le rapport mentionne que deux des téléphones sont en lien direct avec des chefs de gang. Parmi eux figurent Jimmy CHÉRIZIER alias Barbecue et Kempès SANON.

Des liens avec la coalition Viv Ansanm

Le dossier met en évidence les communications régulières entre Magalie HABITANT et plusieurs figures centrales de la coalition criminelle Viv Ansanm. Ces échanges s’effectuaient via WhatsApp. Le rapport montre qu’elle a servi d’intermédiaire pour la livraison de munitions. Un message vocal intercepté prouve qu’elle a sollicité l’ancien député Prophane VICTOR pour fournir 20 caisses de cartouches. Le montant total exigé s’élevait à 70 000 dollars américains.

Un réseau bien établi selon la DCPJ

À travers ses téléphones, la DCPJ a découvert des échanges constants avec des numéros liés à d’autres chefs de gang. Parmi eux figurent Chen Mechan, Ti Zo, Izo, Ti Lapli, entre autres. Ces échanges démontrent l’existence d’un réseau structuré. Ils impliquaient également des discussions autour de la revente de véhicules volés. Certains de ces véhicules auraient été destinés à des clients à l’étranger par l’intermédiaire de personnes comme Celelou et Sonson.

Magalie HABITANT est aussi accusée de complicité dans une série d’assassinats ciblés. Parmi ces meurtres, quatre policiers ont été tués à Bon Repos le 29 février 2024. D’autres assassinats ont suivi, notamment celui du policier Jeff PETIT DIEU, brûlé vif à Solino. L’attaque meurtrière à l’Église Union Baptiste de Nazon, le 19 novembre 2024, est aussi évoquée. Elle est citée comme négociatrice dans l’affaire de l’enlèvement de deux citoyens dominicains et d’un Haïtien en 2021. L’enquête révèle qu’elle a remis un montant d’un million de gourdes pour faciliter leur libération avec le support de Joacéus NADER, Ministre du MTPTC de l’époque.

Des aveux partiels

Lors de ses trois interrogatoires successifs, Magalie HABITANT a reconnu avoir échangé avec Barbecue et d’autres figures du banditisme. Elle nie toutefois sa participation aux actes criminels. Elle affirme n’avoir eu que des relations politiques ou sociales avec ces individus. Elle justifie certaines transactions par une volonté d’aider ou de calmer des tensions dans les quartiers. Toutefois, elle a refusé de divulguer les montants transférés à ces gangs. Elle n’a pas nié avoir servi d’intermédiaire entre eux et certaines autorités.

Le rapport de la DCPJ sur Magalie HABITANT révèle une implication profonde entre figures politiques, institutions étatiques et réseaux criminels. En attendant le déroulement des procédures judiciaires, cette affaire montre l’ampleur du phénomène de criminalité organisée en Haïti. Elle souligne aussi la nécessité d’une réponse institutionnelle ferme.

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