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Haïti : Le RNDDH alerte sur une crise carcérale silencieuse dans le pays

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Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) tire la sonnette d’alarme sur les conditions de détention illégales observées dans plusieurs commissariats et sous-commissariats du département de l’Ouest, en Haïti, à la suite de visites menées en avril et mai 2025. Dans un rapport publié ce 3 juin 2025, l’organisation affirme que 289 personnes sont actuellement détenues dans des locaux non prévus à cet effet, dans des conditions qualifiées d’inhumaines, faute de places dans les prisons traditionnelles détruites ou fermées après les attaques armées de mars 2024.

 

Initialement prévus pour des gardes à vue de 48 heures maximum, plusieurs commissariats accueillent aujourd’hui des personnes incarcérées depuis plus d’un an, sans jugement, ni accès à un avocat. Cette situation résulte, selon le RNDDH, de la fermeture de plusieurs prisons civiles à Port-au-Prince, Croix-des-Bouquets, Arcahaie et Cabaret, prises pour cible par des groupes armés l’an dernier.

Faute d’alternatives, les commissariats sont devenus des prisons de fortune : les cellules sont surpeuplées, insalubres et sans équipements de base. À Delmas 33, 68 personnes dont 10 femmes sont entassées avec 10 policiers dans quatre cellules exiguës. À Tabarre, 41 détenus s’entassent dans deux pièces sans toilettes, contraints de faire leurs besoins dans des contenants en plastique. Le RNDDH évoque une situation sanitaire alarmante, avec des cas de tuberculose, d’infections cutanées et d’autres maladies liées à la promiscuité.

L’organisation souligne également l’absence totale d’assistance de l’État : ni nourriture, ni eau potable ne sont fournies aux détenus, qui dépendent entièrement de leur famille ou de la solidarité des codétenus. À Pétion-Ville, un détenu de 53 ans, Jacky Abinet, attend sa première audience depuis plus d’un an. À Delmas 33, Jean Chrisilome Romain, accusé d’enlèvement, est détenu sans avoir été présenté à un juge. À Tabarre, deux femmes ont été menottées en continu pendant trois jours, faute de cellule réservée aux femmes.

Le rapport mentionne toutefois quelques cas isolés de meilleures pratiques, comme à Petit-Goâve, où le commissariat ne comptait que cinq détenus au moment de la visite, ou à Delmas 62, où les locaux étaient en rénovation, sans présence de détenus.

Face à ces constats, le RNDDH parle de traitements cruels, inhumains et dégradants, en contradiction totale avec les engagements internationaux de l’État haïtien en matière de droits humains. Il appelle les autorités à organiser rapidement des audiences, respecter les délais légaux, approvisionner les commissariats en eau, nourriture et produits d’hygiène, et à rendre fonctionnelle la prison civile de Pétion-Ville en attendant la reconstruction des autres établissements détruits.

Enfin, l’organisation insiste sur l’urgence de mettre fin à la détention préventive prolongée dans des commissariats inadaptés, soulignant que ces conditions dégradantes nuisent non seulement aux détenus, mais également aux policiers contraints d’y travailler dans l’indignité.

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