Port-au-Prince : La capitale peut-elle être sauvée?

Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, est aujourd’hui confrontée à une crise sécuritaire sans précédent. La montée en puissance des gangs armés a transformé la ville en un champ de bataille où règnent l’insécurité, les enlèvements et les violences extrêmes. Cette situation affecte non seulement la vie quotidienne des habitants, mais fragilise également l’ensemble du pays.

Si les gangs ne sont pas un phénomène nouveau en Haïti, leur influence a atteint un niveau critique au cours des deux dernières années. Autrefois divisés, ces groupes criminels se sont unis pour renforcer leur contrôle sur la capitale, mettant en place une véritable économie parallèle basée sur le trafic de drogue, la contrebande et l’extorsion.

Depuis fin 2023, une coalition de gangs a imposé sa loi sur plusieurs quartiers stratégiques, parmi lesquels Martissant, Croix-des-Bouquets, Cité Soleil, La Saline et Bas-Delmas. Cette prise de pouvoir a entraîné une recrudescence des violences, rendant certaines zones de la capitale totalement inaccessibles aux forces de l’ordre.

Un rapport de l’ONU publié en janvier 2025 dresse un tableau alarmant de la situation : en 2024, plus de 2 500 personnes ont été assassinées à Port-au-Prince, tandis que les enlèvements ont atteint un niveau record avec plus de 3 000 cas recensés.

Un impact dévastateur sur la population et l’économie locale

L’essor de l’insécurité à Port-au-Prince a eu des conséquences dramatiques sur les conditions de vie des habitants. Avec des routes bloquées et des marchés attaqués, l’accès aux denrées alimentaires est devenu un défi quotidien. Selon des économistes locaux, le prix des produits de base a augmenté de 70 % en un an.

Le pain, autrefois accessible à tous, coûte désormais trois fois son prix habituel. De plus, les services essentiels comme l’éducation, la santé et l’approvisionnement en eau potable sont gravement perturbés.

L’économie de la capitale est en ruine. De nombreuses entreprises ont fermé leurs portes, incapables de faire face aux exigences des gangs. L’inflation, déjà aggravée par les crises politiques et économiques, atteint des niveaux records, poussant une majorité d’Haïtiens dans une pauvreté extrême.

Une crise humanitaire aggravée avec l’exode massif des populations

La montée en puissance des gangs a provoqué un exode sans précédent. Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), près de 200 000 personnes ont fui les zones à haut risque en 2024, trouvant refuge dans des camps de fortune aux conditions précaires.

Le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) rapporte une augmentation de 250 % des déplacements internes liés aux violences des gangs. Ces familles déplacées vivent sans accès à l’eau potable, à l’électricité et aux soins de santé, accentuant la crise humanitaire qui frappe la capitale.

Les forces de l’ordre en difficulté face à la puissance des gangs

La Police Nationale d’Haïti (PNH), en sous-effectif et manquant de ressources, peine à contenir la menace. En 2020, elle comptait encore 14 000 agents actifs; en 2025, ce chiffre est tombé sous la barre des 9 000. De nombreux commissariats ont été attaqués, pillés et vidés de leurs armes, fournissant ainsi un arsenal militaire aux gangs.

La capitale haïtienne est aujourd’hui à un tournant décisif. Face à l’ampleur de la crise sécuritaire, une question demeure : les autorités pourront-elles reprendre le contrôle de Port-au-Prince, ou la ville est-elle définitivement tombée sous l’emprise des gangs ?

Sans une réponse rapide et coordonnée des forces de sécurité et de la communauté internationale, l’avenir de Port-au-Prince reste plus incertain que jamais.

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