Un mois après son arrivée à la tête du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Laurent SAINT-CYR n’a toujours pas trouvé sa voix, ni celle de l’autorité, ni celle de la décision. L’homme qui avait promis, le 7 août, d’agir vite pour relancer la sécurité et tracer la route des élections de février 2026, s’est effacé derrière ses propres mots. À ce jour, son passage se résume à une nomination au sommet de la Police Nationale d’Haïti (PNH). Pendant ce temps, les gangs imposent leur loi sur plus de 80 % de la capitale et sur une grande partie de l’Artibonite.
Représentant du secteur privé des affaires, ancien membre du Haut Conseil de Transition (HCT) déjà synonyme d’échec, SAINT-CYR n’avait pas un bagage solide pour convaincre. Mais on espérait qu’il surprenne, qu’il rompe avec la passivité de ses prédécesseurs. Or, il s’inscrit dans la même lignée beaucoup d’apparences, peu d’actions. Une visite à l’ancien Président Jean-Bertrand ARISTIDE, une photo au Conseil électoral provisoire avec le Premier Ministre Alix Didier FILS-AIMÉ, et puis… Rien! Comme si gouverner se réduisait à remplir un album souvenir.

L’urgence, pourtant, est criante. La transition est censée déboucher sur des élections crédibles. Mais pour cela, encore faudrait-il reprendre le contrôle des territoires, rétablir la confiance et convaincre ses propres collègues au sein du CPT de s’entendre sur un remaniement ministériel attendu depuis des semaines. Rien de tout cela n’avance.
Pendant ce temps, les défis s’accumulent. La cohésion au sein du CPT reste fragile, le projet de remaniement ministériel est paralysé par les querelles internes, et la population s’interroge sur la capacité réelle de cette instance à conduire le pays vers des élections crédibles.
Pire, des accusations laissent entendre que la fragile « accalmie » observée dans certains quartiers de Port-au-Prince ne serait pas le résultat d’une victoire de l’État, mais celui de tractations financières avec les gangs. Le silence du CPT, sur ce point, dit plus que mille démentis mais un aveu implicite d’impuissance.
Il reste à Laurent SAINT-CYR quelques mois seulement pour marquer l’histoire de la transition. Mais chaque jour qui passe renforce une évidence, la Présidence tournante du CPT n’est plus qu’une chaise vide qui change de nom. Et aujourd’hui, ce nom est le sien.
A l’instar d’Edgard LEBLANC Fils, Leslie VOLTAIRE et Fritz Alphonse JEAN, Laurent SAINT-CYR s’enlise dans l’inaction, son passage à la tête du CPT risque d’apparaître comme une parenthèse vide, confirmant que la transition haïtienne n’est qu’une succession de présidents fantômes.
Juste un clin d’œil !